Guadeloupe | Infos Locales

Situation carcérale : Félix Desplan écrit à Christiane Taubira

Le sénateur a posé une question écrite à la Garde des Sceaux sur les conditions carcérales en Guadeloupe. Il déplore « le gel des projets de reconstruction de la Maison d'Arrêt de Basse-Terre et d'extension du Centre Pénitentiaire de Baie-Mahault ».
[ Mercredi 06 nov. 2013, 00:10 | DOMactu.com | Par Karen Bourgeois ]
« M. Félix Desplan attire l'attention de Mme la Garde des sceaux, Ministre de la justice, sur la situation carcérale en Guadeloupe qu'il estime particulièrement préoccupante, après une visite qu'il a effectuée au centre pénitentiaire de Baie-Mahault en octobre 2013 et après le meurtre, par un condamné à une lourde peine, d'un de ses codétenus à l'aide d'un pic artisanal au début de novembre 2013.

Les agressions commises par les détenus sur les autres détenus mais aussi sur eux-mêmes et sur le personnel pénitentiaire augmentent de façon inquiétante.

En est manifestement à l'origine, pour une large part, la grande promiscuité qui règne dans les établissements pénitentiaires guadeloupéens.

Par exemple, le taux d'occupation du quartier de la maison d'arrêt de Baie-Mahault est de 170 %.

À quoi s'ajoutent la vétusté des locaux (les plus récents de la maison d'arrêt de Basse-Terre ont été construits en 1860), les conditions d'hygiène plus que déplorables et le manque de travail ou d'activités proposées aux détenus, contraints de rester la quasi totalité du temps dans des cellules ou dortoirs où on doit placer des matelas par terre la nuit (ainsi, deux matelas supplémentaires sont disposés au sol pour une cellule minuscule prévue pour quatre personnes).

Ces modalités d'incarcération affligeantes favorisent, en outre, la reconstitution, au sein de la prison, de gangs violents existant à l'extérieur et le développement de trafics en tout genre, que les moyens actuels de détection ne sont pas à même d'endiguer.

Le malaise des personnels pénitentiaires est profond, face à des conditions de travail de plus en plus pénibles et dangereuses.

Or, les projets de reconstruction complète de la maison d'arrêt de Basse-Terre et d'extension préalable du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, prévus depuis plusieurs années, ont été gelés à la fin de 2012.

Les crédits d'investissement disponibles ont, en effet, été affectés, en priorité, à la poursuite d'opérations immobilières déjà très engagées dans d'autres départements d'outre-mer, ainsi qu'aux opérations de mises en conformité jugées les plus urgentes à l'époque, les autres opérations lourdes devant n'être examinées que dans le cadre du prochain budget triennal 2016-2018.

La tension devient telle, dans les prisons de Guadeloupe - le département où l'on enregistre cette année le plus grand taux d'homicides de France -, qu'un plan à plus court terme semble s'imposer et il lui demande quelles dispositions elle envisage de prendre face à cette situation d'extrême violence ».
Karen Bourgeois - DOMactu.com
Les commentaires ne sont plus disponibles pour les articles de plus de 21 jours