Martinique | Entretiens

Entretien avec Ralf Monplaisir

Ralf Monplaisir, est le N°2 du groupe Monplaisir, il est chargé du développement dans la société familiale. En somme, c'est lui qui prospecte et envisage les différents investissements comme dans le cas de l'Hotel Batelière. DOMactu l'a rencontré.
[ Samedi 16 déc. 2006, 08:35 | DOMactu.com | Par Frédérique Laurent ]

DOMactu : Comment se porte le groupe Monplaisir ?

RM : Nous nous portons comme toutes les entreprises, c'est-à-dire il y a des jours avec et des jours sans. Et nous essayons de nous développer car si on ne se développe pas on recule.

DOMactu : Vous avez récemment fait l'acquisition de l'hôtel La Batelière, quels sont vos projets pour cet hôtel ?

RM : Nous avons effectivement racheté cet hôtel, et nous sommes soucieux à ce qu'il demeure. Pour nous avant tout, c'est très difficile de pouvoir aller jusqu'à construire un hôtel ou investir dans un hôtel. Heureusement, il y a en Martinique d'autres groupes que nous, qui croient dans cette activité et c'est très bien qu'il y en ait d'autres. Nous essayons d'apporter notre pierre à l'édifice dans le domaine du tourisme. L'hôtel Batelière est un hôtel que nous estimons bien situé, et qui peut être relancé au niveau de sa commercialisation, avec l'enseigne qu'il faudrait y mettre. Nous avons d'ailleurs des discussions très poussées avec une certaine enseigne (ndlr : Hilton) en ce moment. Elle nous intéresse parce qu'il nous semble que ce serait normal que ça soit elle, ce serait comme un retour à la maison de la part de cette enseigne. A nos yeux, cet hôtel est d abord l'hôtel de cette enseigne. C'est pour cela que nous sommes en grande discussion sérieuse avec ce groupe.

DOMactu : Nous savons tous que le tourisme en Martinique ce n'est pas vraiment facile, l'hôtel Batelière a déjà connu plusieurs revers, qu'est ce qui vous fait croire en ce secteur ?

RM : Regardons les choses en face nous vivons dans une île, nous n'avons que deux industries importantes. Celle de la banane et le tourisme. La banane, les choses ne sont pas faciles, il y a une concurrence très, très âpre. Souvent, injuste et déséquilibrée pour les îles que nous sommes. Les élus, les agriculteurs et les industriels se battent dans cette industrie bananière. A côté de cela, il y a le tourisme, là non plus ce n'est pas facile mais il faut y croire et nous y croyons. En ce qui nous concerne dans notre groupe, nous essayons de diversifier autant que possible les sources d'origine de notre clientèle. Il faut rendre plus important les différents types de clientèles que nous recevrons : de l'Europe, de la France et pourquoi pas du continent qui est le plus proche, les Etats-Unis. Nous pensons qu'il y a une clientèle à aller chercher là-bas.

DOMactu : Selon vous, que faudrait-il pour que cela fonctionne ?

RM : Vous savez on ne fait pas fonctionner une industrie touristique, aucune industrie d'ailleurs, si on n'a pas les moyens de communication, ni de transport. Pour nous c'est capital que se montent les liaisons aériennes vers la Martinique, vers la Guadeloupe, vers la Guyane. Aujourd'hui, le ciel s'ouvre, il faut dire très honnêtement qu'Air France, en ce qui concerne le continent Nord américain, n'a jamais mis d'opposition aux vols directs vers la Martinique. Et on voit aujourd'hui d'autres compagnies américaines revenir vers la Martinique, ça nous conforte dans nos positions et dans nos projets. Nos élus se sont battus pour que cela se fasse et je leur en remercie.

DOMactu : Autre gros chantier immobilier, celui de la Pointe Simon, dites en nous plus ?

RM : La Pointe Simon avance normalement. Nous sommes en train de le finaliser, plus précisément nos juristes sont en train d'établir les documents qui vont garantir l'assurance décennale car c'est un gros chantier. Nous avons une grosse entreprise italienne qui va construire, et il faut que nos juristes et ceux de l'entreprise se mettent d'accord sur la garantie décennale qui doit être finalisée. Pour l'heure c'est que du juridique qu'il reste à régler, pour tout le reste nous sommes prêts, on a fait les études pour construire, parce que ce sont quand même des sommes importantes qui sont en jeu. Tout cela ne se fait pas en 24 heures donc notre dossier avance. Je vais vous avouer que je suis un peu comme vous, j'attends avec impatience le premier coup de pioche, mais cela peut être n'importe quand maintenant.

DOMactu : On connaît bien le groupe Monplaisir en Martinique, mais quel est son rayonnement dans la Caraïbe ? Avez-vous d'autres structures ailleurs ?

RM : Nous sommes présents en Métropole, nous avons des sociétés là-bas. Nous sommes présents à la Martinique, comme vous le savez, nous sommes aussi à la Guadeloupe. En Guyane, mais nous sommes aussi implantés à Sainte Lucie, à Trinidad et Tobago où nous avons un partenariat 50/50 avec un des plus gros groupes trinidadiens, dans un des domaines qui concernent nos activités. Nous avons des intérêts à Saint-Domingue, qu'on n'a jamais vraiment exploité, mais nous sommes présents. Nous sommes sollicités à Antigue et à St Kitts dans le domaine du tourisme. Nous avons même un projet touristique important à St Kitts, pour le gouvernement. Nous ne l'avons pas encore mis en ouvre par manque de temps et il faut avancer par étape. On a déjà tellement de choses en cours sur lesquelles nous voulons avancer, nous voulons d'abord stabiliser ce que l'on a, avant d'entamer d'autres. Nous sommes bien présents dans le bassin caribéen.

DOMactu : Dernier grand projet en date du groupe, celui d'approvisionnement en gaz pour la Martinique. Quel intérêt pour vous et pour les martiniquais ?

RM : D'abord, je vous dirai que c'est un cordon ombilical. C'est, en fait, un tuyau qui ira de Trinidad à la Guadeloupe, en passant par diverses îles. C'est un cordon ombilical comme celui de la fibre optique qui va également relier toutes ces îles. En ce qui nous concerne dans notre groupe, nous pensons que cela ne peut que développer nos relations dans la région. Et je crois, que c'est également ce que pensent les élus de ces deux îles que sont la Guadeloupe et la Martinique, toutes tendances politiques confondues. Il ne faut pas oublier que les élus ont tous leurs options politiques, mais ils se rejoignent sur le fait qu'ils sont insulaires. Ainsi ils regardent l'intérêt pour leur territoire, pour l'ile dans laquelle ils vivent. Donc pour eux, ce gazoduc est important. D'autre part, ce gazoduc est intéressant dans le domaine des coûts énergétiques, aujourd'hui l'énergie que nous utilisons en priorité est l'énergie fossile qui provient du pétrole. Le problème de ce combustible est que son prix est volatile, parce que selon la demande, le prix s'emballe ou pas. Un bateau de pétrole entre son départ et son arrivée, il peut changer trois fois de propriétaires et quatre fois de destination. Ce gazoduc, sera lui, basé sur un tarif fixé dès le départ. C'est un prix qui se voudra sur du long terme et avec une formule de réévaluation dans laquelle certains paramètres vont être pris en compte. Par exemple, la revalorisation du prix dans X années, et elle sera connue d'avance. Cela veut dire que le gaz va augmenter dans le reste du monde mais pas chez nous. Le principe de ce projet est basé sur du long terme avec un prix fixe, cette exigence vient des autorités trinidadiennes. Il ne faut pas oublier qu'elles envoient aussi ce gaz dans des îles anglophones, qui ont besoin de ce soutien économique. Au niveau du tarif c'est une garantie, et tout le monde va en profiter.

Propos recueillis Par Frédérique Laurent

 

Frédérique Laurent - DOMactu.com
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