DOMactu : La semaine
dernière, la Martinique accueillait pour la première fois « Les journées
de l'eau », quel en était l'objectif ?
GE :
Effectivement, la Martinique organisait avec la Guadeloupe « Les journées
de l'eau » qui se faisaient auparavant en Guadeloupe, mais depuis le
jumelage de juin 2004, nous avons décidé de l'organiser alternativement sur les
2 territoires. Bien entendu, nous avons voulu lors de ces journées inviter tous les acteurs de l'eau en Martinique afin
que l'on fasse une manifestation qui soit vraiment martiniquaise. D'autant plus
que l'eau est un problème qui concerne tout un chacun sur l'ile. Dans cette
manifestation, nous avions tenu à inviter des partenaires de la Caraïbe pour
pouvoir échanger, écouter et savoir quelles sont les dispositions à prendre
pour avoir une meilleure gestion de l'eau. Tant dans sa potabilité, sa
fourniture mais par-dessus au niveau de son prix.
DOMactu : Quel bilan
pouvez vous en tirer ?
GE :
Le bilan est positif car nous ne pensions pas que tout le monde accepterait le
projet et se serait rassemblé. On a noté la participation effective de la population,
du consommateur, et aussi de la communauté scolaire. Nous avons reçu quasiment
900 élèves, à tel point que nous étions débordés. De surcroît, nous avions mis
en place pour ces journées, une série d'intervenants, d'un très bon niveau.
Dominique Voynet est venue nous parler de la problématique environnementale
puisque cela fait aussi partie de la mission de l'eau. Gérard Payen le
conseiller personnel de l'eau à l'Onu auprès de Kofi Annan, avait également
fait le déplacement. Bien entendu, au cours de cette manifestation on a pu voir
aussi nos jeunes martiniquais, par exemple, Pascal Saffache, un universitaire,
il nous a apporté beaucoup de choses. Je crois que les uns et les autres, y
compris moi, nous avons appris beaucoup de choses.
DOMactu : La présence
de l'ancienne ministre de l'environnement, Dominique Voynet, était importante
pour vous ? Quelles sont vos relations avec cette élue ?
GE :
Nous avons des relations institutionnelles puisque Mme Voynet était quand même
l'ancienne ministre de l'environnement. Elle connaît la Martinique et sa
problématique. Et les relations que j'ai avec elle, sont des relations
intelligentes, toujours dans l'intérêt
de la population.
DOMactu : Il y a
quelques mois, on entendait parler du combat de la Grande-Rivière, l'Assaupamar
s'est saisi du problème, on ne vous a jamais entendu à ce sujet, vous partagez
les convictions de ces militants et de nombreux martiniquais ou vous pensez que
cette ressource peut être utilisée à d'autres fins ?
GE :
Je crois qu'il ne faut pas faire un mélange des choses. Au SICSM, notre mission
est de donner de l'eau potable, c'est-à-dire une eau propre à la consommation
humaine en quantité suffisante et à un prix raisonnable. L'histoire de la
Grande-Rivière est une histoire entre écologistes et un groupe d'agriculteurs.
Nous n'avons pas à nous prononcer sur cette affaire. pour ne pas avoir la
langue de bois, dans le passé quand le Sicsm a eu des difficultés, nous nous
sommes débrouillés seuls ! Je n'ai pas de raisonnement terre-à-terre, nous
sommes des martiniquais, nous sommes conscients qu'il y a un problème de l'eau
dans le département. Pour ma part, la Grande-Rivière, pourrait être aussi
utilisée pour donner de l'eau potable à la population du Nord.
DOMactu : Vous avez
énormément communiqué à la télévision cette année sur le fonctionnement des
différentes structures qui interviennent dans le cycle industriel de l'eau,
cette démarche pour vous était indispensable auprès du public ? Il faut
sensibiliser pour que cela fonctionne ?
GE :
J'ai lu un jour, dans un grand journal qu'il n'y avait pas de communication sur l'eau. C'est
ce que nous avons fait : communiquer, nous avons rendu des comptes à la
population de ce que nous faisons avec son argent. Le législateur dit que
« c'est l'eau qui paie l'eau »
donc nous avions ce devoir de leur rendre compte mais aussi de les associer. La
prestation de Denise Marie aux J'EAUX, qui est la défenderesse des intérêts des
consommateurs, nous a conforté dans
notre position et aussi dans le rôle de chacun, du consommateur en particulier.
DOMactu : Vous êtes la
collectivité qui a en charge le plus grand nombre d'abonnés en Martinique, vous
pensez que la population a vraiment conscience de l'importance de l'eau,
concernant le gaspillage, etc. ?
GE :
Là aussi je fais allusion au même journal, où il y avait un titre assez
agressif « Le consommateur
gaspilleur et radin ». En tant que distributeur d'eau, nous sommes le
syndicat où les gens paient le mieux. Les rejets de paiement représentent à peu
près 2% sur la grosse masse. Le
consommateur martiniquais paie parce qu'il a conscience qu'il n'y a pas très
longtemps de cela, il n'y avait pas d'eau au robinet, en abondance et de si
bonne qualité. Il a conscience du produit qu'il a, beaucoup pensent que l'eau est
un don du ciel et les gens rouspètent par rapport au prix de la prestation.
Dans une grande ile de la Caraïbe, il y a
DOMactu : Vous avez
récemment mis en place la délégation de services publics en assainissement pour
6 communes, quels sont les gros chantiers à venir ?
GE :
L'assainissement est un sujet qui est très lourd, auparavant c'étaient les
collectivités qui en avaient la charge,
aujourd'hui c'est nous. C'est la besogne la plus ingrate puisque nous sommes en
train d'épurer toutes les eaux utilisées par le consommateur. Le travail à
venir est gigantesque, ce seront 140 millions d'euros qui seront nécessaires
pour mettre un réseau d'assainissement convenable, pour l'instant il est en
train mauvais état. Donc cela implique de réparer ce qui existe, de construire
des stations intercommunales afin que l'on puisse réduire le nombre de stations
et ainsi établir un prix mutualisé sur l'ensemble du territoire. Il faut
que les gens comprennent que sans
assainissement, il n'y pas de développement économique, de développement
touristique, ni d'aménagement du territoire. Nous attendons un appui de la
population et des collectivités pour que l'on ait un environnement de qualité.
DOMactu : On va se
projeter alors, dans vingt ans comment voyez-vous la Martinique ?
GE :
Si j'étais Madame Soleil, j'aurai pu vous dire que dans vingt ans je ne serai
peut-être pas Président ! (rires
) Au Sicsm, dans notre système, nous nous projettons sur vingt ans, on essaie
de ne pas travailler au jour le jour. Pour cela, nous demandons aux collectivités au niveau des plans locaux d'urbanisme de nous donner leurs
projets afin que l'on puisse anticiper. Si on avait anticipé dans certains
domaines en Martinique, elle ne serait pas dans cet état !
DOMactu : Votre mandat
s'achève normalement dans moins d'un an, vous avez réussi à votre manière à
faire avancer les choses, y-a-t-il d'autres fonctions qui vous intéresse ou
vous auriez aimé continuer à ce poste ?
GE : Les choses que j'ai pu accomplir, je les ai faites avec une équipe, que ça soit des élus ou des administratifs mais aussi avec la population qui s'est portée à notre concours. Bien entendu je suis un élu, je remplie le mandat qui m'a été confié par la population du Marin, qui m'a désigné à cette tâche au Sicsm . Je travaille dans l'intérêt de tous, je suis là, disponible au cas où on aurait encore besoin de moi, je suis prêt !
Propos recueillis par Frédérique Laurent